"101 Mots pour comprendre l'Histoire de la Nouvelle-Calédonie" (Ouvrage collectif ; Ile de Lumière 1997)

La presse

 

En Nouvelle-Calédonie, la presse est née avec l’établissement de l’administration coloniale, sous la forme d’un journal officiel, Le Moniteur, dont le premier numéro paraît le 2 octobre 1859. Durant un quart de siècle, il demeure l’unique journal d’une colonie soumise à l’autorité d’un gouverneur militaire aux pouvoirs discrétionnaires, où la population libre augmente moins vite que la population pénale.

Conséquence de la défaite militaire contre la Prusse, de l’épisode dramatique de la Commune, du changement de régime, une mutation s’opère à partir de 1874. Il s’agit, en un premier temps, de l’arrivée d’immigrés d’Alsace-Lorraine et surtout des communards déportés. À cet accroissement de population bien particulier correspond un essor du mouvement des affaires et un changement d’état d’esprit matérialisé par la publication de journaux autographiés illustrés, spécifiques de la déportation à l’île des Pins, et par l’apparition de journaux indépendants à Nouméa. Mais il s’agit encore là d’une presse très contrôlée et qui se trouve loin de prétendre incarner un quatrième pouvoir.

En un second temps, la IIIème République étant bien établie, une administration civile succède à l’administration militaire, des institutions démocratiques sont mises en place et la loi de 1881 sur la presse est rendue applicable à la Nouvelle-Calédonie. Il s’ensuit un foisonnement de nouveaux périodiques, paraissant une, deux ou trois fois par semaine avant que ne soit publié un premier quotidien durable : Le Colon de la Nouvelle-Calédonie.

Ne réalisant jamais que des tirages limités à quelques centaines d’exemplaires tout au plus, cette presse informe les lecteurs des événements survenus dans le monde, en métropole et dans la colonie, mais elle sert aussi d’instrument de propagande électorale pour les partis locaux qui se disputent le pouvoir au Conseil général et au Conseil municipal de Nouméa. C’est cela qui explique la multiplication des journaux à cette époque, la brève durée des uns, publications de circonstance, et l’instabilité des autres, qui changent d’opinion à l’occasion d’une vente ou d’un renversement de majorité au sein du conseil d’administration. Poussée à ses extrêmes limites sous l’administration du gouverneur Feillet, dont la politique a suscité autant d’adhésions que d’oppositions, dans les dernières années du siècle cette tendance déclenche une véritable guerre entre journaux "officieux" et journaux d’opposition.

La presse du XXème siècle est plus calme. Elle se caractérise par la régularité de deux publications qui, durant plus de sept décennies, ont satisfait les besoins d’information de la population ; il s’agit de La France Australe, quotidien destiné surtout aux lecteurs de Nouméa, dont le premier numéro remonte à 1889, et du Bulletin du Commerce, bihebdomadaire fondé en 1899, qui s’adresse plutôt aux colons de l’intérieur. En raison de la complémentarité de ces deux publications rivales, les créations de nouveaux journaux sont moins nombreuses et leur réussite plus rare, ou de courte durée, jusqu’à la fondation du quotidien Les Nouvelles Calédoniennes, en 1971.

La radio, dont la première émission date du 28 avril 1937, n’affecte pas la presse écrite locale, mais les liaisons aériennes régulières et fréquentes qui mettent le Territoire à portée de la presse métropolitaine, puis la télévision, inaugurée le 29 octobre 1965, causent des baisses de vente qui provoquent la disparition du Bulletin du Commerce puis de La France Australe, tandis que commence, à partir de 1978, la publication de l’hebdomadaire Télé 7 Jours.

 

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