"101 Mots pour comprendre l'Histoire de la Nouvelle-Calédonie" (Ouvrage collectif ; Ile de Lumière 1997)

Nouméa

 

Nommé Port-de-France par Tardy de Montravel, le chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie est fondé le 25 juin 1854 lorsque commencent les travaux de construction du fort Constantine.

Bien choisi d’un point de vue de marin parce qu’il constituait un mouillage en eaux profondes convenablement abrité des vents, le site présentait beaucoup d’inconvénients pour le développement d’une ville : une presqu’île découpée, au relief accidenté, pratiquement dépourvue d’eau douce...

Une ville qui compte néanmoins au recensement de 1996 quelques 76 000 habitants ne s’est pas moins édifiée sur cet emplacement ; la seule véritable ville de Nouvelle-Calédonie et, depuis l’origine, le principal foyer de peuplement local. L’histoire de son développement est un reflet de l’histoire contemporaine du pays.

Des origines à l’entre-deux-guerres, de quelques maisons en bois dispersées entre la pointe de l’Artillerie et la colline du Sémaphore, elle passe à l’état de petite ville, atteignant 10 000 habitants au recensement de 1927. Dotée d’institutions municipales en trois temps, entre 1859 et 1879, Port-de-France est devenu Nouméa en 1866 pour éviter les confusions avec Fort-de-France, à la Martinique, préjudiciables à l’acheminement du courrier.

Durant cette première période, le chef-lieu de la colonie s’équipe lentement, dotant son port d’un quai, traçant des rues suivant un plan en damier sur l’espace aplani ou remblayé qui constitue ce que l’on appelle aujourd’hui "le grand carré", s’approvisionnant en eau au moyen de conduites de plusieurs kilomètres de longueur qui amènent jusqu’à la ville les eaux des rivières Yahoué et Dumbéa, se reliant aux centres de colonisation de l’intérieur par un tour de côte, des routes, un petit train...

Ayant subi un coup d’arrêt dans sa croissance avec l’extinction du bagne au début du XXème siècle, la petite ville coloniale vit à un rythme bien tranquille, seulement perturbé de temps en temps par quelques remous économiques ou politiques lorsque soudain, en 1942 l’arrivée des Américains, qui ont décidé d’utiliser la Nouvelle-Calédonie comme base avancée de leur dispositif de contre-attaque destiné à arrêter la progression japonaise, inaugure une époque de fièvre des plus stimulantes.

Vidé du contingent américain, devenu chef-lieu d’un T.O.M. peu après la fin de la guerre, Nouméa connaît depuis un essor remarquable en raison d’une succession d’événements de nature très différente.

Ce fut d’abord le boom du nickel des années 60 qui, en raison du surcroît de travail offert a attiré des travailleurs métropolitains et polynésiens, wallisiens surtout. Plus que jamais les quartiers de la ville se différencient et s’étendent alors : Ducos accentue son caractère industriel, l’île Nou rattachée au littoral devient Nouville... Ce fut ensuite la crise des années 80 qui a provoqué un exode des populations de brousse fuyant l’insécurité.

Depuis 1988 et les accords de Matignon, Nouméa est en même temps chef-lieu du Territoire et chef-lieu de la Province Sud. La ville ne cesse de s’équiper et de construire car l’exode rural, s’il s’est ralenti ne s’est pas arrêté et qu’il semble depuis peu se grossir d’un mouvement migratoire plus ou moins clandestin en provenance du Vanuatu.

Aujourd’hui, une expression est entrée dans l’usage courant, celle de "grand Nouméa" qui englobe non seulement la commune de Nouméa mais aussi les communes voisines de Dumbéa, du Mont-Dore et de Païta où résident bien des gens qui ont leur activité professionnelle au chef-lieu.

 

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