"101 Mots pour comprendre l'Histoire de la Nouvelle-Calédonie" (Ouvrage collectif ; Ile de Lumière 1997)

Colonie

 

La Nouvelle-Calédonie est devenue une colonie française le 24 septembre 1853. D’après ce que l’on sait, il semble bien que dans l’esprit de Napoléon III, la prise de possession de l’archipel ait été motivée par le désir d’y consolider l’implantation catholique assurée par les missionnaires maristes établis à Balade et à Pouébo, et dans le but d’y implanter ultérieurement une colonie pénitentiaire.

En un premier temps l’archipel ne fut qu’une dépendances des Etablissements Français de l’Océanie, placés sous l’autorité d’un gouverneur résidant à Tahiti. Puis, par décret du 14 janvier 1860, prenant effet le 1er juillet, la "Nouvelle-Calédonie et Dépendances" est devenue une colonie à part entière.

Elle à d’abord été administrée sous l’autorité d’un gouverneur militaire dont les pouvoirs ne devaient connaître de limites qu’au fur et à mesure de l’établissement d’institutions administratives et judiciaires civiles. Quand la République succède à l’Empire, on constate d’abord peu de changement, si ce n’est que le statut colonial se structure davantage avec le décret du 12 décembre 1874 sur le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Au sommet d’une hiérarchie administrative pyramidale, le gouverneur "exerce l’autorité militaire seul et sans partage. Il exerce l’autorité civile avec ou sans le secours du Conseil privé..."

Les choses changent par contre fondamentalement à partir de 1879, avec l’établissement d’institutions démocratiques : un conseil municipal élu pour la ville de Nouméa, des commissions municipales élues pour les principaux centres de l’intérieur, élection d’un délégué au Conseil supérieur des colonies, institution d’un Conseil général élu, naissance d’un véritable contre-pouvoir avec la promulgation de la loi de 1881 sur la presse, nomination d’un gouverneur civil à la suite de la séparation du ministère des Colonies de celui de la Marine.

L’arrêt de l’envoi de condamnés à partir de 1898 condamnait à terme le bagne à disparaître et la Nouvelle-Calédonie allait perdre au début du XXème siècle son caractère de colonie pénitentiaire. Bien que, compte tenu de la faiblesse du courant migratoire, elle n’ait pas vraiment été, durant un demi-siècle, une colonie de peuplement, on peut alors y observer une situation ethnique et sociale qui ne manque pas de complexité : face à une minorité "libre" d’origine européenne, bénéficiant des droits civiques et bien intégrée dans un régime d’économie libérale, se situait une population de bagnards et de libérés, objet de méfiance et de mépris, une majorité d’autochtones soumis au régime de l’indigénat et divers groupes d’origine océanienne ou asiatique, immigrés pour travailler sur les mines ou dans les plantations.

La situation évolue lentement au fil des ans, sans que les clivages se modifient vraiment, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale où la présence des Américains a sans aucun doute fortement bouleversé certains aspects des mentalités.

Une fois la guerre terminée, un changement fondamental intervient lorsque le Gouvernement provisoire puis la IVème République suppriment le régime de l’indigénat, faisant de tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie des citoyens à part entière, et que le statut de colonie est remplacé par celui de territoire d’outre-mer (T.O.M.).

 

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