Le Courrier Illustré de la Nouvelle-Calédonie (1878)
14 - (CoI) - Le Courrier Illustré de la Nouvelle-Calédonie.
Le numéro l présente Le Courrier Illustré comme un journal destiné à informer et à distraire. La partie "sérieuse" est surtout consacrée à rendre compte de l'insurrection canaque,la partie "distraction" contient des historiettes, des jeux, des poèmes et une bande dessinée originale, "Les aventures d'Anacharsis Robinet" (D11).
Le créateur du journal est Karl d'Ivoley qui est autorisé par arrêté du gouverneur Olry en date du 8 août 1878 à fonder un journal hebdomadaire.
C'est l'Imprimerie E. Melin qui produit ce journal typographié et fort agréablement illustré de lithographies de G. Philippe et J. Devicque. Le format des cinq premiers numéros (35,5 x 28 cm) permet une impression sur deux colonnes couvrant une surface de 29,5 x 24 cm sur chacune des quatre pages. Le prix des abonnements est fixé à 40 F par an pour la Nouvelle-Calédonie et 50 F pour la France et l'étranger ; il n'y a pas d'abord d'indication de prix au numéro. Le numéro 6 est d'un format plus grand (44 x 28 cm), les abonnements coûtent moins cher, 25 F pour la Nouvelle-Calédonie et 32 F pour la France ou l'étranger, le numéro est vendu 0,50 F.
Officiellement, il s'agit là du dernier numéro édité, si l'on se fie au texte de la Décision N° 288 du 1er avril 1879 révoquant l'autorisation de publier : "Attendu que le Courrier Illustré a cessé de paraître depuis le 28 septembre dernier…" (24/8/1878 - 28/9/1878).
En fait, Le Courrier Illustré fut plus ou moins légalement ressuscité pour au moins un numéro, en janvier-février 1879 quand l'autorisation de publier La Revue Illustrée fut retirée à Locamus et que Melin racheta Le Courrier Illustré à Karl d'Ivoley. Ce fut l'occasion de la rupture de Locamus avec Melin et les principaux collaborateurs de La Revue Illustrée. C'est sans doute ce numéro que décrit en ces termes Patrick O'Reilly : "Le dernier numéro se présente comme une lettre de faire part annonçant le décès de la feuille". Description qui ne correspond pas au numéro 6 du Courrier Illustré.
Localisation : B. de l'Archevêché de Nouméa (N° 1. 2, 3, 5, 6).
À la demande d'Eddy Banaré : les trois planches constituant les Aventures d'Anacharsis Robinet. On voudra bien excuser la mauvaise qualité de ces reproductions numérisées avec un scanner de qualité tout à fait ordinaire, à partir de négatifs 35 mm (le moyen de reproduction dont je disposais entre 1974 et 1980).
Aventures d'Anacharsis Robinet.
Planche I.
Vignette 1 - Tout voyageur qui débarque à Nouméa est reçu à bras ouverts…… par le Sémaphore. C'est ce qui arriva le 1er mai 1876 à ANACHARSIS ROBINET, venu par le steamer "Aspapaour", de Marseille.
V. 2 - ANACHARSIS visite Nouméa. Il trouve bien les maisons un peu basses, les rues un peu désertes, les omnibus un peu rares ; mais il voit pour rien des nègres, dont la contemplation lui coûtait 0 fr. 20 c, à Paris.
V. 3 - Au bout de quelques jours, ANACHARSIS constate, avec terreur, qu'il ne lui reste pour toute fortune que 8 pièces de 5 fr. - Allez donc chercher une mine de nickel, lui dit un homme bien intentionné. - Par où faut-il passer, demande ROBINET ? - Allez toujours droit devant vous.
V. 4 - Muni de ce renseignement, ROBINET achète une pioche et un couteau. Il se met en route par un beau soleil. Le chemin est droit et assez horizontal mais il est un peu long, s'il n'est pas large.
V. 5 - Pour perdre le moins de temps possible, il se fait indiquer un petit sentier canaque, légèrement accidenté et qui lui évitera plusieurs kilomètres.
V. 6 - Arrivé au sommet d'un plateau, il fait une rencontre qui l'inquiète. Il aperçoit un sauvage, assis au pied d'un cocotier, et qui semble l'attendre. ROBINET cherche à l'émouvoir au moyen de quelques paroles bien senties et n'obtient que cette réponse de l'indigène. - Toi donner petit couteau.
Aventures d'Anacharsis Robinet.
Planche II. Le cliché que j'ai fait de cette planche étant flou, la lecture du texte est difficile ; des parenthèses marquent les mots
de lectures incertaine ou illisibles (remplacés par des pointillés).
V. 1 - Au refus énergique de Robinet, l'indigène (conclut) qu'il a affaire à un évadé. Un coup de sifflet fait surgir des canaques et Anacharsis se voit (…) (…) (…) (…) (…) (à une perche).
V. 2 - Après avoir fait dans cette agréable position une quarantaine de kilomètres (l'escorte) arrive à un poste de gendarmerie. Le brigadier lui ayant demandé ses papiers, Anacharsis ne peut exhiber qu'un prospectus (…) en (et) France (Frères) et (intérêt) les (des) avantages offerts aux émigrants en Nouvelle-Calédonie.
V. 3 - Le brigadier persuadé qu'il a affaire à un farceur, lui (fournit immédiatement une hospitalité d'une gratuité peu recommandable) et fait (…) le télégraphe. Un des porteurs (pousse) l'impudence jusqu'à réclamer à Robinet (…) (…) (…) pour frais de transport.
V. 4 - La réponse étant favorable, Anacharsis est (élargi) sans les égards dus à (…) et à son (rang).
V. 5 - Loin de se décourager, Robinet n'est que plus (opiniâtre) dans son projet mais se défiant de la plaine, il s'attache à ne (parcourir) que les crêtes des montagnes, de cette façon il pourra voir (venir) comme un (piquet à garde),
V. 6 - Au bout de huit jours de pérégrinations, il (aperçoit) un homme (…) (…). "C'est un ami" se dit-il, et il s'élance vers lui. L'étranger le reçoit avec une effusion qui peut amener celle du sang ; c'est un chercheur (prospecteur) d'or.
Aventures d'Anacharsis Robinet.
Planche III.
V. 1 - Cet accueil donne à réfléchir à Robinet, et lui fait craindre pour les rencontres qu'il pourra faire par la suite. De là, un abîme de perplexité dans lequel il s'enfonce de plus en plus.
V. 2 - Tout à coup une lueur surgit dans son esprit délabré ; il vient de se souvenir de son épouse Cunégonde, à laquelle il a dit, avant de partir, qu'il allait acheter 2 sous de tabac à priser ; et il y a deux ans que ça dure.
V. 3 - Puis ses souvenirs se réveillent ; après Cunégonde, sa fidèle épouse, c'est son fils unique Ladislas Théodule, un petit gosse de 4 ans : "Courons les rejoindre s'écrie-t-il avec feu". Et le voilà qui part comme une flèche.
V. 4 - Après une course qui rappelle vaguement la vitesse de l'autruche, Robinet revoit la capitale. Oh ! bonheur, le courrier est sur rade, et part dans deux jours : il se précipite au bureau, déclare qu'il n'a pas le sou, et l'on s'empresse alors de lui donner une cabine de 1ère classe.
V. 5 - Après un voyage court et sans incident, Robinet revoit enfin Paris : "C'est tout de même plus conséquent que Nouméa, se dit-il ; mon dieu pourvu qu'il ne manque personne dans mon ménage.
V. 6 - Il s'aperçoit que ses craintes étaient mal fondées. Après les épanchements de toutes sortes, il fait à Cunégonde la relation de son voyage. - Et qu'as-tu rapporté de là-bas, lui demande la fidèle épouse ? - J'ai rapporté cette conviction, c'est que si les voyages mettent du plomb dans la tête, ils mettent souvent trop de choses au-dessus.
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Mise à jour du 10 mai 2015
Encore à la demande d'Eddy Banaré, voici le reproduction de l'intégralité de la collection du Courrier de la Nouvelle-Calédonie, suivie d'une note relative à une caricature de Ferdinand Okolowicz figurant dans le journal.
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Note : OKOLOWICZ
Bernard Noël (Dictionnaire de la Commune - Champs Flammarion 1978) écrit :
Okolowicz Auguste Adolphe (Vierzon, Cher, 1838- ?). Il était l'aîné de vingt-quatre enfants. Son père, réfugié polonais, était semble-t-il professeur de musique. Lui-même fut chanteur, avant de diriger le Casino Cadet, puis le journal Paris-Théâtre. Durant le Siège, il fut capitaine à la Légion des Volontaires de la France. Le Comité central, le 24 mars, le nomma commandant du 90e bataillon ; la Commune, le 20 avril, sous-chef d'état-major du général Dombrowski. La veille, il avait été blessé à Asnières ; il fut blessé de nouveau, accidentellement, par un de ses amis qui nettoyait un revolver. Il faillit être fusillé par les Versaillais dans l'ambulance où il était soigné, mais finalement fut envoyé à Satory, d'où il s'évada le 29 septembre 1871. Quatre de ses frères servirent la Commune, l'un d'eux, Charles, disparut durant la Semaine sanglante. Il aurait été fusillé le 28 mai.
Un seul Okolowicz a été déporté en Nouvelle-Calédonie, c'est donc lui dont le Courrier Illustré présente la caricature en mentionnant qu'il interprétait la chansonnette "L'avare" sur la scène du théâtre qui venait de reprendre quelque activité dans le dock Bornebroque (Petites Affiches du 18 août 1875, page 3).
Il était arrivé en Nouvelle-Calédonie le 28 septembre 1873 à bord du Calvados (6e convoi de déportés).
Voici les lignes que lui consacre Roger Pérennès dans son livre Déportés et Forçats de la Commune (Ouest Éditions 1991) :
Okolowicz Ferdinand, matricule 2050, né le 26 juillet 1852 à Vierzon (Cher), célibataire, tapissier. Il fut sergent-comptable pendant le premier siège et fut maintenu en solde jusqu'au 1er août 1871 ! Il n'avait aucune condamnation antérieure susceptible de lui être imputée. Réintégré à l'île des Pins en 1875 pour dettes ; en 1878 il était employé chez un avocat de Nouméa. Peine remise en 1879, rapatrié par La Seudre.