Bertrand et Raton : caricature de Locamus
Bertrand et Raton : caricature de Locamus

Locamus, Paul.

 

Paul Locamus arrive à Nouméa dans les tout premiers jours de janvier 1873 par l'Alceste, frégate à voile venant de Toulon. Femme et enfant l'accompagnent. Il est venu dans la colonie comme écrivain de l'Administration, mais le personnage est remuant et la position qu'il occupe alors n'est pas à la mesure de ses ambitions.

Sa femme et son enfant embarquent à destination de la France le 3 avril 1875 et, par décision ministérielle du 11 janvier 1876, "Locamus Paul, sous-chef de bureau de 2ème classe est maintenu à titre provisoire pour être employé en sous-ordre".

Au début de 1877, il est établi agent d'affaires à Nouméa et touche un peu à tout :

- Il se mêle d'élevage et provoque la réunion d'où sortira le Syndicat des Éleveurs (1878) ;

- Il obtient l'entreprise de la fourniture des rations aux travailleurs de Thio ;

- Il est également marchand de vin, représentant de la maison Lacarrière ;

- Il achète le théâtre qu'il dirige personnellement puis abandonne parce que trop coûteux ;

- En association avec un nommé Lorrain, il exploite, illicitement, une coupe de bois ;

- Le 22 avril 1879, il est le premier adjudicataire du quai de Nouméa…

Surtout, pour ce qui m'intéresse directement, Locamus se passionne pour la presse à partir du moment où il entre directement en contact avec elle sur sollicitation d'Ernest Melin qui avait besoin d'un gérant pour faire paraître Le Courrier Illustré dont il avait acheté à Karl d'Ivoley, son fondateur, les droits pour six mois.

Peu scrupuleux, Locamus utilise Melin pour s'établir lui même éditorialiste.

Après Le Courrier Illustré, Locamus fait paraître successivement La Revue Illustrée, Le Tintamarre, La Réforme, Le Courrier-Brochure, et surtout Le Radical qui ne fut jamais autorisé... et il eut encore en tête quelques projets qu'il ne put réaliser.

Toutes ces feuilles éphémères étaient des plus excessives, surtout dirigées contre le directeur de l'Intéricur Dufresnil que Locamus attaquait sans retenue, profitant, semble-t-il, de la bienveillante protection du gouverneur Olry, lequel fut cependant amené à sévir contre le trop impudent journaliste : le 10 avril 1879 il révoque les autorisations de publier La Réforme, Le Tintamarre et Le Courrier Illustré. Le gouverneur va plus loin, il cesse de lui accorder tout soutien quand, alors qu'il imprime illicitement Le Radical depuis cinq mois déjà, Locamus, poursuivi pour diffamation par le capitaine Coulombeaud, est également poursuivi pour avoir publié sans autorisation.

À l'audience du tribunal du 1er juillet 1880, Locamus est condamné à deux mois de prison pour avoir imprimé Le Radical sans les noms de l'auteur ni du gérant.

Le même jour, à l'issue du procès intenté contre lui par le capitaine Coulombeaud, Locamus est condamné à cinq mille le francs d'amende, six mois de prison, l'insertion dans Le Moniteur et La Nouvelle-Calédonie plus, bien sûr, les dépens.

Comme il avait subi une condamnation semblable le 12 juin pour diffamation à l'égard R.P. Pionnier, curé de Nouméa, et sans doute quelque autre condamnation encore, Locamus s'était entendu condamner en l'espace de quelques semaines au "total énorme de 14 mois et 12 jours de prison, 1 527 F d'amendes, les dépens et 10 500 F de dommages-intérêts !!"

Puis le gouverneur changea, au mois d'août. Courbet n'eut aucune indulgence pour Locamus en qui il voyait un personnage qui se procurait des moyens d'existence en troublant l'ordre public. Déclaré en faillite par jugement du 15 septembre 1880, Locamus fut déchu de ses, fonctions de Conseiller municipal le 25.

Il purgea peut-être sa peine au fort Constantine où il avait déjà séjourné en juin pour insulte à magistrat, puis il quitta la colonie mais ne l'oublia pas pour autant.

En 1882, il était reçu par le ministre devant qui il développa un plan de réforme pour la Nouvelle-Calédonie et, tandis que sa femme tenait un commerce de mode au n° 4, rue Trudaine, à Paris (Publicité dans Le Progrès du 4 octobre 1884), lui s'affairait pour obtenir l'adjudication d'un contrat de fournitures de viande conservée de Nouvelle-Calédonie (Le Néo-Calédonien du 26 juin 1887).

Par la suite, Locamus s'établit à Madagascar où il créa les usines de conserves de Diego-Suarez.

Il est l'auteur d'un mémoire intitulé Madagascar et l'Alimentation européenne en Céréales et Viandes.