De Dollon marquis de la Goupillière, Alinant, Jacques, Antoine. (1821 - 1904)
Né le 22 janvier 1821 au château de Semur, arrondissement de Saint-Calais (Sarthe), cet authentique héritier du titre de marquis attaché au nom d'une famille de vieille noblesse française s'était exilé en 1852, au lendemain du coup d'État du 2 décembre.
En 1870 il est établi à Melbourne, président de l'Association Patriotique Française de cette ville, il organise la "Souscription patriotique'' pour les soldats français les veuves et les orphelins des victimes militaires du conflit avec la Prusse. Cette collecte, "à l'origine de la perte de sa fortune'', lui permet d'adresser au Comité directeur de la souscription, à Paris, une somme de plus de deux cent mille francs, ce qui lui vaut une médaille d'or.
Peu après, son fils, employé chez Pelletier et Clavel, à Nouméa, tombe gravement malade et meurt avant l'arrivée de son père dans la colonie française.
Alinant de Dollon fait liquider par sa femme les biens qu'il possède en Australie, voitures, chevaux, bétail, et s'établit en Nouvelle-Calédonie. Le 2 février 1875, il est nommé écrivain auxiliaire colonial et secrétaire de mairie le 17. Le 19 avril il acquiert les lots de ville 916 et 918 pour la somme, de 3 175 F.
Le 3 septembre 1878, il est nommé "résident des Loyalty", à Lifou, sur sollicitation insistante du gouverneur Olry qui ne croyait pas le résident alors en place capable de faire face à la situation issue de l'insurrection. À ce poste de confiance, Alinant de Dollon, catholique convaincu autant que sincère patriote, engage une longue lutte contre le pasteur Jones qui, non content de convertir les indigènes de l'archipel à la religion réformée, s'efforçait par tous les moyens de les soustraire à l'influence française. Cette guerre de religion des Loyalty sembla devoir trouver son terme en novembre 1887 quand le pasteur Jones fut expulsé de la colonie française.
En août 1888, de Dollon eut la douleur de perdre sa femme, "après quarante années de vie commune". À cette époque il était l'objet de venimeuses attaques dans L'Indépendant, "le journal du protestant anglo-français Lomont", qui présentait un de Dollon tyrannique et intéressé, abusant de ses fonctions d'administrateur et des pouvoirs qu'il exerçait en tant que juge et notaire, allant jusqu'à censurer le courrier auquel il avait accès comme préposé au bureau de poste. Le Néo-Calédonien de Laborde le montre tout au contraire bon et généreux, victime d'une cabale et de la haine de Lomont.
C'est à l'occasion de cette polémique autour de sa personne que de Dollon publie pour la première fois, afin d'assurer sa défense, un article prétendument adressé de Melbourne par un ami, du temps où il résidait dans cette ville ; mais cet article est signé "Fiat Lux", pseudonyme que de Dollon devait utiliser par la suite quand il ne signait pas de son nom.
Fin mai 1889, il est mis à la retraité d'office de ses fonctions de résident des Loyauté. Le Néo-Calédonien soutient qu'il s'agit là d'une mesure inspirée par les événements survenus dans ces îles, une vengeance du pasteur Jones par administration française maçonnique interposée.
Élu conseiller général dans la circonscription de Païta en novembre 1889, il prend la défense des moins fortunés au nom de la liberté contre les abus du pouvoir. Ses votes au Conseil général font dire de lui que, élu avec les voix cléricales, il a pris le parti de la gauche ; il s'en défend et son argumentation nous donne de lui l'image d'un socialiste chrétien.
Il écrit dans L'Avenir mais sa véritable contribution à la presse nouméenne on la trouve dans La France Australe à l'occasion de la campagne engagée par ce journal contre le gouverneur Feillet.
Alinant de Dollon fut candidat à la Délégation au Conseil supérieur des Colonies en octobre 1897. Sa défaite contre le candidat officiel, Louis Simon, absent de la colonie, est un véritable test qui encourage le gouverneur à poursuivre son opération de reprise en main de la colonie afin de poursuivre son œuvre de colonisation à sa guise .
Dans le cadre de ces affrontements, de Dollon a été l'auteur d'une affiche contre le gouverneur qui, placardée sur les murs de Nouméa en décembre 1897, stigmatisait l'arrestation du conseiller Jules Durand en pleine période électorale et lui valut de passer en Cour d'assises pour "diffamation et injures par voie d'affiches".
Il est décédé à Païta, le 13 janvier 1904. Le tombeau qu'il a fait bâtir pour sa femme, et dans lequel il repose, se trouve au cimetière du 4ème kilomètre, présentement à l'abandon.