A partir de ma notice publiée dans "Une Histoire en 100 histoires" (Nouméa, septembre 2004)
Édouard, Achille BALLIÈRE (1840-1905)
Né le 17 octobre 1840 à Sannerville (Calvados), Achille Ballière fait ses études au collège de Pont l'Évêque, où son oncle est principal, puis à Caen, puis à l'École d'Architecture de Paris.
Sous la direction de Crépinet il contribue à la restauration du dôme des Invalides.
On le trouve, à la fin de l'Empire, secrétaire de plusieurs comités démocratiques et, alors qu'il s'était fait exonérer de service militaire, en 1870, il s'engage pour la durée de la guerre. Nommé officier après Champigny, dans les derniers jours du Gouvernement de la Défense Nationale, il est officier d'état-major sous la Commune.
Condamné à la déportation à perpétuité par le 10ème Conseil de guerre siégeant à Sèvres, il est interné au fort Boyard avant d'être embarqué en janvier 1873 à bord de l'Orne qui arrive à Nouméa le 4 mai et à l'île des Pins le 11 mai.
Autorisé à séjourner à Nouméa pour y exercer sa profession d'architecte, il s'installe chez un négociant du chef-lieu à partir du 19 octobre.
Le 19 mars 1874, il s'évade en compagnie de Rochefort, Pain, Jourde et Grousset. Cette évasion lui vaut d'être condamné par contumace à deux ans d'emprisonnement pour évasion.
Il demeure quelques temps à Sydney où il expose un projet de théâtre pour la grande cité australienne puis, de retour en Europe, il séjourne à Londres, Bruxelles, d'où il est expulsé par décret royal à la fin de 1874, puis Strasbourg où il demeure comme professeur d'architecture jusqu'à l'amnistie de 1879.
Rentré en France, il bâtit presque en entier la station balnéaire de Royat.
Avant 1871, il avait publié à Caen un livre intitulé La Compagnie de Jésus(1869), et participé à la rédaction de "plusieurs journaux tués sous lui" : Le Suffrage Universel, Le Tribun, La Tribune.
Durant son séjour à Strasbourg, il édite La Déportation en 1871 et Un Voyage de Circumnavigation.
Revenu à Paris, il devient rédacteur ou correspondant de La Presse, La Ligue, Le Petit Lyonnais et fait partie du Cercle de la Presse de Paris.
Après ses réalisations à Royat, il est élu conseiller municipal de Clermont-Ferrand où il fait de la propagande boulangiste.
En 1889-90, il est condamné à six mois d'emprisonnement pour avoir répondu au réquisitoire prononcé par Quesnay de Beaurepaire devant le Sénat assemblé en Haute Cour. Soutenu par la presse parisienne, Achille Ballière sort de Sainte Pélagie sur intervention personnelle de Fallières et se présente aux élections municipales du quartier de Belleville (XXème arrondissement), sans succès.
À cette époque, il édite, Les Prisons Politiques, Sainte Pélagie, le Pavillon des Princes.
En 1892, il est à Nouméa, employé à la mairie. Chargé de la surveillance des travaux de la conduite d'eau en septembre, il présente au Conseil municipal trois rapports alarmants les 28 octobre et 8 et 19 novembre.
Arrivé en Nouvelle-Calédonie, comme architecte - la deuxième semaine de mai 1892, à bord du paquebot Australien, des Messageries Maritimes, en provenance de Marseille -, un article de La France Australe du 25 mai 1894 nous apprend qu'il est venu, voyage payé par le Gouvernement, comme "Chargé de mission", en fait, attiré en Nouvelle-Calédonie par "le bruit qui se faisait depuis quelques temps" autour des mines qui l'aurait convaincu que la colonie où il avait fait un bref séjour en tant que déporté "s'était considérablement développée et que, par suite, grâce à ses connaissances spéciales, il y trouverait plus facilement qu'en France un emploi rémunérateur".
Achille Ballière lui-même, dans un article paru dans La Bataille le 27 octobre 1893, laisse entendre que c'est l'affaire de la conduite d'eau, pour laquelle la municipalité, de Nouméa faisait alors de la propagande en France, aux fins de trouver un entrepreneur et obtenir un financement, qui aurait motivé son départ pour la Nouvelle-Calédonie.
Le 17 juin 1893, il fonde le journal La Bataille, l'une des plus belles feuilles de combat jamais publiées à Nouméa. Il y attaque les puissants "exploiteurs du pays aux frais des contribuables", il écrit ainsi contre Prévet, contre Rothschild, contre l'Administration pénitentiaire. Il critique l'immigration réunionnaise, l'établissement du câble télégraphique le magistrat Hector Simonneau. Il prend la défense du sultan d'Anjouan, déporté en Nouvelle-Calédonie, et des déportés arabes qui n'ont pas bénéficié de l'amnistie de 1879-80.
Épuisé par l'énormité du travail que lui impose la rédaction de son journal, devenu quotidien, qu'il réalise pratiquement seul, et en accord avec J.F. Lomont, directeur de l'Imprimerie Nouméenne, qui ne peut plus soutenir l'édition d'un journal après avoir perdu l'adjudication des imprimés de l'Administration, Achille Ballière cesse de faire paraître La Bataille dont le dernier numéro porte la date du 19 mai 1894, et il s'embarque le 21 mai pour Marseille à bord du paquebot Ville de La Ciotat.
Biographies:
- Dictionnaire International des Écrivains du Jour. (De Gubernatis).
- Dictionnaire illustré des Contemporains. (E. Saint-Lame).
- Dictionnaire de Biographie Française. (T. IV).