VARLIN (Louis, Eugène).


Eugène Varlin est né le 5 Octobre 1839 rue Berthe (hameau de Voisins) à Claye-Souilly dans une famille de petits paysans (son père, Aimé Alexandre Varlin, est vigneron, sa mère Héloïse Duru femme au foyer ; il a une sœur et deux frères : Denise Clémence, Louis Benjamin et Armand Hippolyte). Scolarisé jusqu'à l'âge de treize ans, il entre ensuite comme apprentis chez un oncle relieur à Paris.

Il participe en 1857 à la fondation de la Société de secours mutuel de sa corporation et anime une grève des relieurs en 1864-65 puis, dès le début de 1865, il adhère à la première Association Internationale des Travailleurs (fondée en septembre 1864) et collabore à la Tribune Ouvrière.

En 1868, il fonde la coopérative "La Marmite" et fait partie du second bureau parisien de l'Internationale dont il est l'un des trois secrétaires ; à ce titre, il est condamné à trois mois de prison qu'il purge à Sainte-Pélagie.

Dans un contexte de mouvements de grèves à répétition, il fonde en 1869 la "Caisse du sou" pour soutenir financièrement les grévistes. Il participe au congrès de Bâle, 4ème congrès de l'Internationale (6-12 septembre 1869), où il se prononce pour la propriété collective du sol. En 1870, il anime des assemblées à Lyon, au Creusot, à Lille où il constitue des sections de l'Internationale. De retour dans la capitale, il préside l'assemblée des sections parisiennes et doit se réfugier en Belgique fin avril pour éviter un nouvel emprisonnement.

Rentré après la chute de l'Empire, il est nommé délégué au Comité central républicain des vingt arrondissements et commandant du 193ème bataillon de la Garde nationale, commandement dont il est révoqué après l'insurrection du 31 octobre.

Durant le siège, il s'occupe de l'aide alimentaire aux nécessiteux et se porte candidat "socialiste révolutionnaire" pour l'élection à l'Assemblée nationale, sans succès.

Le 18 mars, il occupe l'état-major de la Garde nationale. Élu au Conseil de la Commune par trois arrondissements (6ème, 12ème et 17ème) il opte pour le 6ème. Il est alors nommé à la commission des Finances (29 mars), puis des Subsistances (21 avril) et enfin, le 2 mai, "directeur général de la manutention et des approvisionnements militaires".

Au cours de la semaine sanglante, il dirige la défense du 6ème puis du 11ème arrondissement et se bat jusqu'au dernier moment sur les barricades de Belleville.

Pris par les Versaillais, il est très rudement molesté avant d'être fusillé rue des Rosiers le 28 mai 1871.


"Sous la grêle de coups, sa jeune tête méditative qui n'avait jamais eu que des pensées fraternelles, devint un hachis de chair, l'œil pendant hors de l'orbite. Quand il arriva rue des Rosiers, à l'état-major, il ne marchait plus : on le portait. On l'assit pour le fusiller. Les soldats crevèrent son cadavre à coups de crosse."


(Lissagaray, cité par Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Flammarion, collection Champs, 1978)